C’est en suivant le lit de l’Arnette, que je suis arrivé à Mazamet, ancienne capitale du délainage. Les nombreux et imposants bâtiments désaffectés qui bordent cette rivière, sont les témoins assez récents de cette activité aujourd’hui disparue, qui fit la richesse de la cité tarnaise.
Témoin plus récent et toujours très vivant de cette sous-préfecture, Laurent Jalabert n’est pas prophète en son pays, en témoigne la place qui porte son nom où il est interdit de faire du vélo !

En quittant la résidence des Jeunes Notre Dame (!), je me fis déposer par un véhicule motorisé au Vinçou, et c’est sous ma cape de pluie et le cœur léger, que je parcourais les premiers kilomètres de cette étape qui me conduisait au gîte équestre de la Sabatarié.
Le cœur léger, car en fin de journée mon fils, ma belle-fille et les deux petites filles, me faisaient la demi-surprise de passer la soirée avec moi. La Sabatarié étant placé pile-poil au milieu de nulle part, afin d’éviter de se louper, ils m’avaient appelé la veille pour m’annoncer cette bien jolie nouvelle.

Un dernier petit raidillon, et j’arrive au cœur de ce hameau, accueilli par Myriam, et qui m’annonça qu’un ami de Toulouse venait me rendre visite. Et là surprise, je vis arriver en ce lieu magnifique, sauvage et isolé, Claude, un ami de la fédération de handball, venu de Toulouse, partager un bon moment d’amitié et une bière !
Quand je vis pointer la jolie frimousse de mes deux petites-filles, je me pinçais de me voir si bien entouré en ce lieu improbable. C’est au « Café de Paris » à Brassac, que nous avons passé une soirée familiale gastronomique, et où Norah a vendu son premier dessin de sa jeune carrière !


Toutes ces rencontres me faisaient oublier qu’une vague de chaleur commençait à nous tomber dessus pour la semaine. C’est en famille, que le lendemain matin nous avons parcouru le plateau du Sidobre, massif granitique le plus vaste d’Europe, dépaysant et poétique, avec ces rochers « jetés du ciel par la colère des dieux » comme le Peyo Clabado, le rocher de l’oie, le squale.





Après le pique-nique, ils me déposèrent à Saint-Pierre-de-Trivisy et je pus éviter l’après-midi brûlant qui s’annonçait. Ce n’est pas sans un pincement au cœur, que Norah, Mélina et leurs parents me dirent au-revoir, et que je vis partir le fourgon bleu !
Cette parenthèse me fit un bien fou et je franchis le portail de « L’Oustal » pour entrer dans une très belle demeure, accueilli par Danielle, son compagnon et Annie une pensionnaire. La sieste reposante, l’excellent repas et la nuit réparatrice me permirent d’aborder ma seconde journée tarnaise.


Naviguant au gré des petites routes campagnardes pour couper les méandres du GR36, et régulièrement à l’ombre, je pus apprécier cette étape rupestre, discuter avec une agricultrice, croiser une martre des bois, et arriver à l’Hôtel des Lauriers sur les bords du Tarn sur les coups de 15h00.




Pour rejoindre Tanus, toujours dans le Tarn, et toujours à l’aube, je mis le cap sur Assac puis Valence d’Albigeois, où l’ombre de l’église protège aussi les mécréants. Après un repas sur le pouce et sous une chaleur déjà écrasante, je tendis ce même pouce afin de rejoindre « Le Clos de Morphée ».

Pour la première fois depuis que je randonne, j’étais « planté » sous une ombre qui se réduisait de plus en plus, et la température qui flirtait avec les 42°. « On » me dit que le Tarnais est méfiant et un peu renfermé, et au bout d’une heure et demie sur le bord de la route départementale 53, j’étais près de le croire. Enfin un jeune couple francilien, passionnant et passionné, me permis de parcourir ces quinze kilomètres en sécurité. Un café-épicerie dont j’étais le seul client me fis de l’œil, et je succombais à une, ou peut-être deux bières.
A quelque pas jouxtant l’église, un portail, un jardin plein de poésie, et une maison qui dès le seuil franchi, m’enveloppe de sa fraîcheur. Lali, bienveillante, me montre ma chambre spacieuse confortable et (presque fraîche), et je m’assoupis longuement.

Le soir je partagerais la préparation de mon repas avec quatre ouvriers catalans, d’une entreprise barcelonaise qui équipe la région de cette fibre prometteuse d’un avenir encore plus connecté…
Dès potron-minet, je quittais ce cocon, cette oasis, et dès 7h00 en descendant vers les Gorges du Viaur, je sentais déjà la chaleur qui allait devenir écrasante. J’atteignis la chapelle des Planques vers 9h00, et j’y fis une halte « énergétique ».
Je voyais enfin le bout du Tarn, et après Pampelone, c’est à Masmajou que je vis ma première grange aveyronnaise.

En marchant sur la petite route qui rejoignait Naucelle-Gare, je fis le choix d’accepter l’invitation de Bénédicte et Richard. « On va te chercher où tu veux » m’avaient-ils dit la veille. Ma chère et tendre épouse, qui avait supporté la veille, le bombardement de textos lorsque j’étais « stanqué » à Villeneuve d’Albigeois, m’a dit « j’espère que tu vas choisir la voie de la sagesse ». C’est ce que je fis, une fois attablé au Flambadou pour un menu « ouvrier », et Richard vint me recueillir.

Quarante minutes plus tard j’étais dans leur magnifique maison dans la campagne de Rignac. J’avais prévu une journée de repos chez ces amis, que je n’avais pas vu depuis dix ans, mais c’est finalement deux jours et trois nuits que je passais chez eux en tant que «réfugié climatique ». C’est leur bienveillance, leur gentillesse, la quiétude et la fraicheur de cette maison, et l’aligot saucisses qui m’ont permis de faire cette halte et de poursuivre mon chemin vers l’Ouest. Encore une belle histoire d’amitié…
A bientôt pour l’album 5…