Hier soir au paisible gîte communal de Maury, je me sentais comment dire… Un peu mou! Après une nuit peu paisible et peu reposante, un kiné bienveillant (mais y a-t-il des kinés malveillants?) m’a déposé à Dulhac.
Et malgré mon épuisement je suis monté tranquillement au château de Peyrepertuse. Et là RAVISSEMENT! La même émotion qu’il y a trente ans, en famille!
D’où que l’on vienne, quels que soient nos idées, notre rapport à l’histoire, notre religion, nul ne peut rester insensible face à ces “vaisseaux de prières”… Les châteaux Cathares!…
Après une belle soirée autour d’un casse croûte vigneron, avec un invité de marque, Ludo Frabregas, nous avons fixé un départ à 7h00 devant le “point zéro” du GR10 au départ de Banyuls.
Comment définir ces dernières 24 heures. … Depuis que j’ai posé le pied sur le quai de la gare de Cerbère, je n’ai croisé que des personnes d’une gentillesse infinie.
Guidé par mon ami Jean-Louis, président du comité de handball des Pyrénées Orientales, et attendu par Andrée et Armand et leurs amis de « Vaincre la Muco » locale, Mikael citoyen franco-allemand avec des ancêtres à Lanvellec, puis soutenu par l’association des randonneurs de Banyuls, le directeur de l’office de tourisme, toute la famille du restaurant « La Ganotte » et du bar « l’Atelier, et réception à la mairie de Banyuls, je commence à comprendre pourquoi un tel projet fédère, intéresse ou fascine. Très vite les discussions vont autour de la Muco, du financement de la recherche médicale, du quotidien des malades, et du don de soi.
C’est le grand jour. Dès le petit jour la maison se réveille, Gérard est souriant, enthousiaste. Aucun stress avant le départ pour la gare, des blagues et des sourires. A la gare nous retrouvons ses amis de la ligue régionale du Hand ball, venus lui souhaiter un bon départ.
Il fait beau, le train est à l’heure, et l’heure du départ approche. A la différence de la grande diagonale, pendant laquelle Gérard avait traversé la France de la pointe saint Mathieu (29) à Menton, Gérard ne part pas à pieds. Il aura le temps, assis sur son siège de rêver son voyage. Et de regarder la météo sur son appli. Le mauvais temps sera de la partie au Mont Canigou.
Il est temps de partir. Ce sont les dernières embrassades, les encouragements. Et Gérard descend sur le quai, un dernier coucou il est parti.
Sa journée est celle d’un voyageur de train classique, un problème de correspondance à Montpellier, l’affluence des départs en vacances et le long enchaînement des gares le long de la côt Méditerranée..
Et puis Cerbère, Au bout du quai, son acolyte Jean Louis Guichard. Les trouvailles, la joie d’y être, la joie de l’aventure et de l’amitié. L’aventure commence. J’imagine mon beau père tout à l’intensité du moment, qu’il partage par SMS. Bientôt, il reprendra la plume.
Demain c’est le départ. Gérard est déjà parti. Hier il a quitté Quimper pour Brest, où il a retrouvé ses petites filles, son fils et sa belle fille avant d’arriver ce matin à Rennes. Il passe ce dimanche en compagnie de sa fille et sa dernière petite fille. Demain nous irons à la gare, après les embrassades il montera dans son TGV et commencera alors son voyage.
Demain c’est le départ, et c’est une folie de voyage. 52 jours de marche. Dès mardi. Chaque jour il devra marcher d’une étape à l’autre. Qu’il pleuve, qu’il vente. Malgré la fatigue. Malgré le frottement du sac sur ses épaules, une douleur au mollet, les courbatures, l’usure, la chaleur, où l’envie de s’arrêter. Chaque jour se lever à l’aube et partir dès 7h du matin pour s’épargner la chaleur de l’après midi. Ne jamais s’arrêter, ne jamais rater une étape. Car cela décale l’étape d’après. Et derrière chaque étape, il y a quelqu’un qui l’attend, et après toutes ces étapes il y a l’arrivée, il y a Sacha qui s’étonnait encore hier que Gérard passe les grandes vacances à marcher pour lui. Car même s’il le savait, demain c’est le départ et l’idée devient concrète, réelle. Et chaque détail compte.
Ma fille a écrit dans son carnet de voyage, des mots d’amour et d’encouragements, Gérard a encore sa liste de petits préparatifs pour demain. Aujourd’hui ce sont les derniers moments, les derniers câlins, les dernières accolades. Demain c’est l’aventure qui commence. 52 jours de découvertes, de rencontres, 52 jours face à soi même et face au monde, le temps qui ralentit, rythmé par les pas, le relief, le paysage au détour d’un chemin, le souffle d’un brise, une rencontre.
J’écris ces mots pour mon beau père, qui s’est allongé un instant sous un arbre avec sa femme et sa fille, dans leurs rires et une brise chaude de juillet.
Quand ce projet fût à peu près clair dans mon esprit, et avant d’en parler à mon épouse et mes enfants, j’ai contacté Chantal, déléguée de « Vaincre La mucoviscidose » pour le Finistère et les Côtes d’Armor. Après être restée sans voix suite à ma proposition, ce qui n’est pas une mince performance pour qui connaît Chantal (!!), elle a adhéré immédiatement et décidé d’embarquer avec moi dans cette aventure.
J’ai pu alors, en parler librement à mes proches, leur expliquer comment je pensais bâtir ce projet, sans avoir besoin de les convaincre avec mes motivations. Mais cette étape est très importante, car elle m’a permis de basculer dans le concret, en me débarrassant de ce léger sentiment de « culpabilité égoïste », de partir seul durant deux mois. Mes petites-filles, sont je pense, fières et ravies, que je m’engage ainsi.
Une fois le parcours défini, le planning établi, et suite à un « appel à projet » pour nommer cette aventure, « Deux Caps et Deux Pieds » a été choisi à l’unanimité avec moi-même, sur proposition de mon fils Nicolas. Typhaine, la marraine de Sasha, a réalisé la plaquette de présentation, Pascal, mon beau-fils est le créateur et le webmaster du blog https://deuxcapsetdeuxpieds.com/ ,Morgann ma fille, crée et gère la page facebook du même nom, et Nicolas est correcteur, voir rédacteur, de ces articles.
L’idée de constituer un budget de départ, m’est apparue indispensable, afin de rendre concret très rapidement « Deux Caps et Deux Pieds ». Avec une maquette de la plaquette de présentation, j’ai pu solliciter quatre entreprises, qui m’ont tout de suite répondu favorablement. Ces quatre entreprises, font un peu (beaucoup) partie de ma vie professionnelle, et j’y ai noué de solides liens d’amitié. Pas de hiérarchie dans la présentation, mais par ordre « d’entrée en scène », Hervé Kerveillant, créateur et patron de Couleur-Paysages, et ami de longue date, a été séduit immédiatement et m’a chaleureusement encouragé. Puis Yann et Daniel, deux des dirigeants de la Sebaco, voulaient être du voyage et ont eux aussi embarqué. L’entreprise Bellocq, m’avait beaucoup encouragé et suivi lors de ma « Grande Diagonale » en 2015, et ne pouvait ne pas être de celle de 2019. Et pour finir, la Librairie Ravy, à qui j’ai proposé de me fournir gracieusement les « fameuses » cartes IGN bleues au 25000/ème. Jean-Michel Blanc et son fils Antoine, sans hésitation, vont également m’aider à « porter mon sac ».
Le succès, s’il est au rendez-vous, de ce défi très personnel, mais tellement collectif, je le devrai à toutes ces personnes, et il se construira au quotidien avec le solide soutien des amis, connus ou inconnus, de « Vaincre La Mucoviscidose », et la grande famille du Handball. Et mon petit doigt me dit, que durant les 60 prochains jours, j’aurais l’occasion de les mettre à l’honneur !
Toujours le retour d’expérience de l’été 2015, où je m’étais rendu au « Vieux Campeur » à Paris, non par snobisme, mais précédé par la réputation de cette honorable maison. J’y ai acquis les trois fondamentaux nécessaires à la réussite d’une marche « au long cours ». Une paire de chaussures avec de semelles adaptées à mes pieds, deux paires de chaussettes, et un sac à dos.
Qui veut aller loin ménage ses chaussures
Je ne peux que recommander les différents magasins de cette enseigne historique du Quartier Latin à Paris. Des boutiques spécifiques, avec des vendeurs(euses) conseils, expert dans leurs spécialités, m’ont été d’un grand secrours…. Les chaussures tout d’abord, de marque Meindl, avec des semelles sur mesure, et je vais enfoncer des « portes ouvertes », sont une des clés de la réussite, de vrais « chaussons » !
Mon sac
Et le sac… ! Ce jour là, dans la boutique bagagerie, le vendeur après deux essais peu concluants à ses yeux, me dit tout à coup : j’ai ce qu’il vous faut.. », et revint de l’arrière-boutique avec un sac de marque Deuter d’une contenance de 45 litres. Ce fut celui qui devint mon compagnon de tous les instants, celui à qui on pardonne d’être un peu collant et lourd en fin d’étape, celui qu’on a plaisir à ouvrir à la pause de midi, celui que l’on protège de la pluie avant de se protéger soi-même, et celui à qui cache parfois des friandises oubliées. Mais il faut bien le remplir, ni trop peu, ni trop plein. Dans ce domaine, le souvenir d’expériences douloureuses, au début de nos « grandes randonnées » avec ma chérie, puis lors de ma « Grande Diagonale » en 2015, sont précieux. Et ce qui est superflu pour certains ne l’est pas pour d’autres, et en ce qui me concerne, je m’interdis de dépasser 11 à 12 kgs. Ce qui fait un sac d’indispensable à moins de 10 kilos, puis deux gourdes de 1 litre. Et le repas de midi, à porter jusqu’à…. Midi !
S’hydrater
Pour l’eau, il y a un lieu, que l’on retrouve dans quasiment tous les villages de France, toujours ouverts, et où il y toujours de l’eau potable …. ! Pas d’idée…. ? Les cimetières bien sûr, et très souvent ombragés ! Et puis la France du Cap Cerbère à la Pointe Corsen, ce n’est pas le désert de Gobi ! J’y trouve tous les jours, deux demis de bière fraîche. Ben oui deux …, le premier pour la soif (gloug gloug gloug) et le second pour la dégustation.
Les cartes
Pour mon tracé, je ne vais que sur le site de Géoportail, où je peux tracer à ma guise mon parcours. Site officiel de l’Etat, il est simple et complet. Par contre, sur le terrain, j’ai besoin de mes cartes IGN bleues au 25000ème, sans elles je me sens un peu « à poil », étonnant ! Et pas de poids inutile, une fois par semaine je les expédie à la maison. Au préalable, je les ai envoyé chez des hôtes sur mon parcours.
S’entraîner
Et la préparation ? J’en suis à 170 kms sur avril, 370 sur mai, et idem en juin, avec un sac à 12 kgs, autour de Quimper et sur le GR34, ça devrait le faire, et à J-19 y’a plus qu’à !
Mode d’emploi : tout d’abord, lancer (pas trop loin) le pied droit, puis le pied gauche, puis le pied droit, puis le pied gauche, et ce entre 35000 et 38000 fois par jour. Cette mécanique bien assimilée, me voici libéré des contraintes élémentaires liées à l’exercice. Et mon « espace de cerveau disponible » est plus grand pour la rêverie, l’observation, les pensées, les ondes positives.
Mais il arrive que la machine se dérègle, patine, râle, se rebelle un peu. Dans ces situations, avec l’expérience vécue lors de l’été 2015, de la Pointe St Mathieu à Menton, je sais que penser que Sasha, sa famille, l’association, mais aussi mes très proches et vous qui lisez ces lignes, m’encouragez et me soutenez, fait passer au second plan les bobos et autres désagréments logistiques ou climatiques.
Cette aventure est très personnelle, voire hédoniste, car partir tous les matins, à l’heure où la campagne blanchit, sur des chemins pour la plupart inconnus, est un plaisir sans cesse renouvelé et dont je ne me lasse toujours pas !
Afin de vous faire partager tout ce projet : la marche, les paysages, les rencontres, mais aussi le quotidien des malades atteints de la mucoviscidose, l’accompagnement de leurs proches, l’engagement de tous les bénévoles de l’association, j’écrirai régulièrement sur ce blog et publierai des photos.
L’objectif: vous embarquer avec moi, si vous le souhaitez, mettre vos pas dans les miens, m’aider à porter mon sac. La plus belle façon de le faire, c’est partager et favoriser l’appel aux dons. Alors, faites un kilomètre avec moi, ou plus, par un simple clic sur https://mondefi.vaincrelamuco.org/projects/deux-caps-et-deux-pieds
La semaine prochaine, je vous parle équipement, préparation…